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l’Insatiable

À l’Art Studio Théâtre avec 45 compagnies et 120 artistes

Un cercle de création(s) jusqu’au 30 juin.

Lassé de la technique dite du « disque rayé » (ou broken record) qui consiste à répéter une requête à chaque fois que l’on est confronté à une résistance illégitime, le poète, dramaturge et metteur en scène Kazem Sharyari, à l’Art Studio Théâtre qu’il dirige depuis 25 ans, a décidé de tracer un cercle vertueux.

Depuis son centre, autant que de sa périphérie, circule le mouvement permanent d’une dynamique qui relie. Tout au long du processus créatif mutuel et réciproque, l’Art Studio protège chacun et chacun protège l’autre. Avec cette œuvre individuelle et collective qui rassemble une centaine d’artistes qu’il a minutieusement choisis, Kazem Sharyari propose de sortir du cercle vicieux de l’exclusion et de l’indifférence dans lequel il se trouve pris et d’autres citoyens créateurs avec lui.

C’est un nouveau défi à la force centrifuge de l’individualisme et à celle centripète de l’exclusion d’artistes hors de la sphère commune.
Nous voulons être reconnus, et intégrés, et demain encore plus nombreux, par les politiques culturelles de la capitale et de la nation tout entière.

Il faudra peut être encore, pour la troisième année consécutive, appeler festival interdisciplinaire ce printemps de la création contemporaine à l’Art Studio Théâtre de Belleville, mais ont pourrait aussi bien l’appeler le CERCLE, ouvert, des 45 compagnies et des 120 artistes….

Les 47 graines semées dans le cercle du champ de la création attendent le retour du printemps. Que font-elles en attendant ? Dorment-elles, indifférentes au monde au-dessus de leurs têtes ?

Le semeur rêve, chaque jour les espère, il sait qu’elles sont déjà nées. Il abreuve son impatience au vœu qu’elles comprennent la métaphore. La mauvaise graine grandit, mal élevée, gonflée d’ hypocrisie elle délègue au père ici le pouvoir de rassembler, et ailleurs œuvre à sa mise à mort pour s’approprier un butin acquis sans lutte.

Le poète semeur Kazem Sharyari qui a ouvert pour la troisième année consécutive le cercle de la création à l’Art Studio Théâtre, invoque la figure d’Antigone amour et liberté « mettez le bonheur dans la liberté et la liberté dans le courage ».

Elle hurle Antigone, son cri se heurte à Créon, à la surdité des pouvoirs politiques, elle réclame que s’accomplissent les rites funéraires qui redonneront à son frère toute son humanité, jusqu’au sacrifice d’elle-même. La renaissance ne peut advenir qu’à cette seule condition.

Comment te sentir libre, alors que le corps de ton frère est abandonné aux becs des corbeaux noirs sur la place publique ?

Le poète dit que « dans un monde qui s’organise selon les possessions du pouvoir, nous avons décidé de passer par la solidarité et l’espoir ». C’est bien. Mais quoi ? Si chacun se replie dans son coin, pendant qu’un autre, presque seul au milieu du chantier, monte à l’assaut préparer le retour des beaux jours collectifs.

Les beaux jours ne reviendront pas, si tu considères, sans trop te pencher par la fenêtre, mains et hanches appuyés sur le garde-fou, fer forgé par tes ancêtres, que tout va bien, tu es encore en vie, les inégalités se creusent tu t’en fous, ton balcon surplombe le monde.

Ne serait-ce qu’à Paris, la liste des mises en danger pour l’art et la création est longue, les « petits » lieux disparaissent, les compagnies sans décoration ministérielle sont disloquées. La concurrence est rude. La liste est parfois si longue. Et si demain c’était toi ?

Solidaires, citoyens, nous choisissons d’entrer dans le CERCLE collectif de la création.

Par Madeleine Abassade (pour l’Insatiable)