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La Pièce

A la fois réaliste et cauchemardesque, mystique et hétérodoxe, foisonnante et baroque, cette pièce apparaît comme un thriller moral où Jérôme, une sorte de "golden boy", bascule à son corps défendant dans un personnage en totale recherche de dénuement et d’authenticité.
La scène est à Dublin dans un HLM d’un quartier "difficile". A plusieurs reprises, le décor sera celui d’une salle d’hôpital.

Jérôme, environ 40 ans, travaille avec dynamisme dans une agence de publicité. Il est marié à Penny, jolie jeune femme de 35 ans, artiste à ses heures, et présentement femme au foyer. Jérôme a une jeune maîtresse, Clara, à peine âgée de plus de 20 ans.

Au début de la pièce, Jérôme a rendez-vous avec Clara dans l’appartement loué par son frère Derek. Il a fait croire à Penny qu’il est en train de repeindre les chambres. Clara se drogue et voudrait inciter Jérôme à l’imiter.

Soudain, Clara partie, Jérôme se réveille au milieu de la nuit, hurlant de douleur, les mains percées de deux énormes clous. A partir de ce moment tout chavire : l’athée porteur de stigmates se rend à l’hôpital. Personne ne croit à cette histoire : on le croit fou, ou au mieux victime d’une agression. Petit à petit l’on s’enfonce à la fois dans la vérité et dans le fantastique "mystique" : on apprend ainsi que si le couple Penny/ Jérôme est brisé, c’est suite au décès de leur petite fille que Jérôme n’a pas assumé. Penny va apprendre l’existence de la relation que son mari entretient avec Clara et rompre définitivement. D’autre part les stigmates, que l’auteur veut objectifs, vont plonger Jérôme dans les pires difficultés : un prêtre refusera d’y croire, alors qu’au contraire une femme du peuple va pour ainsi dire exiger de lui une guérison par imposition des mains, pour sa petite-fille Jacinta dont les symptômes sont identiques à ceux de l’enfant que Penny et Jérôme ont perdu.
Jérôme bascule à son corps défendant dans un personnage en totale recherche de dénuement et d’authenticité, christique en quelque sorte, dans le moment même où l’appartement de Derek se révèle être hanté par l’âme errante d’un jeune garçon suicidé qui lui demande de jouer pour lui le rôle (salvateur) du Christ.

A la fois réaliste et cauchemardesque, mystique et hétérodoxe,
foisonnante et baroque, cette pièce apparaît, au fond, comme un thriller moral où Jérôme, presque battu à mort à la fin par de jeunes voyous ( c’est sa Passion, sa flagellation) va, dépouillé de tout, quitter l’inauthentique de sa vie, l’illusion d’une "réussite" très emblématique de cette fin de siècle pour prendre seul un "nouveau départ sans masque", comme il le dit. Pour quelle destination ? BOLGER ne le dit pas. publiée aux Editions L’Harmattan, Collection Théâtre des 5 Continents, 2002.

L’espace

Une chambre délabrée, insolite, un lit, juste pour être seul. Pourtant ni les portes, ni les fenêtres, ni mêmes les murs ne peuvent jouer leur rôle. C’est une scène où l’on peut intervenir dans la solitude du personnage dès que son esprit le permet. Une chambre qui peut être l’esprit même du personnage. Une chambre dans laquelle nous pouvons revoir l’illusion de nous-mêmes. Illusions surprenant les personnages et les spectateurs.

Le temps

Fin du 20ième siècle. Mise en espace d’un temps élastique capable de voyager de l’infini à ce jour. Un temps troublant empreint de poésie pour régénérer la croyance, la vie quotidienne… Un temps troublant qui creuse une vallée immense entre l’origine de la croyance et l’authenticité de la vie… Un temps qui met en danger la vie présente du personnage. Le temps joue avec l’émotion des personnages… L’espoir est un sentiment de doute pur, il met en déséquilibre les personnages et l’espace. Le suspens de l’inconnu régénère l’attente des personnages et joue finement avec les certitudes des spectateurs.

L’image

Un garçon de 14 ans est au bord de la fenêtre. Il porte autour de son cou une corde tissée de son pyjama, il va se lancer. Je ne sais pas pourquoi. Ou plutôt je ne sais pas précisément pourquoi… L’enfant ne doit pas être étranger au tronc de l’arbre qui le nourrit de ses racines infectes. Attention ! Il va sauter dans le vide… Dans la vallée perdue… Dans l’incertain… Une paix très lourdement gagnée… Une perte que Jérôme, Dermot, Emile-Jean, Kazem… ont vue.

Le décor

Il n’y a pas décor, juste les éléments nécessaires à créer l’ambiance pour les acteurs. Les spectateurs trouveront les acteurs dans un espace ouvert et sans limite. La lumière joue un rôle primordial dans cette pièce pour permettre le déplacement de l’ombre… Le son est une création à part entière qui peut raconter les fragments de l’histoire de l’esprit d’un jeune homme… Les costumes sont des déguisements que chacun des personnages a choisis en fonction de la façon dont ils s’imaginent que les autres le perçoivent.

Kazem SHAHRYARI