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Le mensuel des rendez-vous de la culture

La Terrasse - 1997

Mensuel N°49 juin 1997

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Les immigrés - France 1997

Un jeune immigré voit, impuissant, sa vie basculer et sombrer

Dans l’espace de l’Art Studio Théâtre, les comédiens sont si proches des spectateurs que la distance entre vie et et la scène tend à s’effacer. Cette impression est rendorcée oar ke réalisme du spectacle qui se joue. Le sol est jonché d’amas désordonnés de vêtements et de bouteilles d’eau, paysage apocalyptique cherchant encore à s’abrevoir pour renaître. La pièce s’ouvre sur un monologue frénétiquement désespéré de l’héroïne, rompu de berceuces à un enfant mort-né. Le mari, immigré echappé du poste de police où il était enfermé depuis 3 semaines pour n’avoir pu présenter ses papiers oubliés chez lui, surgit dans ce décor aux allures de tragédie. Il apprend pour l’enfant, lui qui s’attendant à trouver un peu de réconfort dans son foyer et se réjoissait de cette vie à venir. Il tente de trouver les mots pour rassurer sa femme éperdue de souffrance et s’enfonçant presque dans la folie, et pour présenter à la scène sa face d’immigré, son plus grave délit. Le verdict lui sera fatal. Il sera abattu lorsqu’il voudra remettre ses papiers à la police alertée par son ami Kazan. Cette pièce, comme une lame de fond, nous fait suffoquer et nous submerge de désespoir, sans qu’aucune échappatoire nous laisse entrevoir le ciel.

Le cojnstat résolument pessimiste sur notre société semble sans appel. Mais ce plaidoyer virulent contre le racisme et la xénophobie, jamais inutile par les temps qui courent, devient inopérant à force d’être martelé. Kazem Shahryari conçoit le théâtre comme un moyen de kutte et veut faire de nous des "spectateurs-citoyens" mais il risque de se voir reprocher l’exagération à outrance. Certes la prose est belle, souvent poétique, mais elle gagnerait à être plus nuancée. Le texte avec Kazem Shahryari semble parfois prétexte, et son théâtre d’engagé se fait franchement millitant. Le message est juste et nécessaire, mais on peut se demander s’il n’y a pas moyen sur les planches d’aborder des thèmes aussi universels et fondamentaux que la tolérance et le respect de la différence, de manière moins politisée, en nous faisant réfléchir sans nous endoctriner. Heureusement la pièce traite aussi de la précarité du bonheur qu’un évènement peut faire basculer, de la fragilité de l’espérance en l’avenir, du malheur qui parfois se démultiplie pour nous perdre, autant de thèmes qui échappent aux débats d’idée.

A-Y L P

Jusqu’au 28 juin le mardi, mercredi, vendredi et samedi à 20h40 à l’Art Studio Théâtre.

Prix des places, 40F, 60F, 10F (chômeurs).