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Notes pour la mise en scène

Dans Boss Grady’s Boys, le passé ressurgit, comme un double ratage du passage à l’âge adulte où la traversée irréversible est déjà accomplie avant le lever du rideau, où le lointain paraît plus passionnant, plus riche, peut-être parce qu’il est déjà vécu et vidé de toutes ses substances inconnues. Les personnages vont s’employer à inventer une dynamique collective et constante afin d’atteindre une folie qui tout étant intimement liée au pouvoir ne peut toutefois se détacher de nos faiblesses.

Dans une poésie puissante, apparaît la vie intense et chaotique des souvenirs. Deux frères qui ne décollent pas de la boue, de la terre et de l’eau… Un espace inquiétant et sombre. Une ambiance marron et excrémentielle, gluante… Un rapport beckettien avec le temps… des situations chargées d’un certain sourire menaçant et idiot. Une vie flottante qui s’étire sans aucune raison particulière… Un monde réel sans intérêt apparent s’apprête à être interrogé sur scène dans une production artistique excitante.

Les fragments dramatiques de Barry offrent une ouverture à notre espace, à notre temps et à nos paroles, faisant jaillir une source inconnue et urgente qui va définir cette création…
Les répétitions vont nous aider à construire des lieux pour faire vivre des complots intimes parallèles.
La pièce de Barry se jouera au centre de ces complots qui animent notre monde.

Une aventure incontestable

Le passé est confortable car on l’a déjà parcouru, l’avenir se fait craindre car il est incertain.

A travers la mémoire d’un personnage, un acteur, nous allons revoir les principales touches attachantes d’une vie, d’une vie plurielle, d’une époque. Y a-t-il pour nous un tel moment où nous puissions faire un bilan presque artistique au plus haut niveau de notre vie ? Voici le calendrier de notre recherche dans cette mise en scène où nous souhaitons à la fois dépasser l’univers théâtral traditionnel et à la fois pouvoir dessiner nos rapports affectifs avec les hommes, avec les objets, avec le son, avec la nature. Un testament qui sera éphémère et probablement visible dans le théâtre. Encore une fois le monde invisible va avoir le droit de se montrer, de traiter notre vulnérabilité, de nous rappeler l’essentiel de sa présence. Nous allons traiter la pièce avec un couple à mi-chemin entre la vie et l’art, nous allons explorer en répétition et en public le chemin naissant d’une simple pensée dans la rencontre de ce couple et la rencontre de ce couple avec son public. Ils traversent un monde où le désir de tout départ est conditionné par des obstacles éminemment intimes, des obstacles pervers qui ont élaboré et élaborent les lois de notre monde. Il est possible à comprendre, pas évident à admettre, certainement pas facile à refuser, et surtout il est impossible de s’en débarrasser. Il ne reste qu’à composer avec ces réalités, avec un certain courage presque héroïque ou avec une certaine honte malvenue. Ainsi une génération traverse sa vie, nous laissant les traces de ses engagements et de ses désengagements.

Quatre œuvres dans cette aventure vont se croiser :

- La mise en scène théâtrale de l’oeuvre
- Une création à part entière d’une bande-son
- La création d’un film qui traite le monde imaginaire des personnages
- Une création de lumières qui doit traiter les trois mondes, réel, vécu et imaginaire