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Résumé et photos du spectacle

Mon Général est une tragi-comédie en trois actes où se croisent la petite et la grande histoire, dont l’action se passe dans les années 70 à Paris, et qui parle de l’Afrique, des Africains, des anciens combattants, du Général de Gaulle, des indépendances africaines, des « travailleurs immigrés », de la guerre d’Algérie, des Français, des Blancs et des Noirs, de l’amour... et du désamour.

Comme son père – « tirailleur sénégalais » qui a fait les deux grandes guerres mondiales et combattu dans les corps d’armées d’Afrique de la 2ème Division blindée du colonel Leclerc – le camerounais Augustin, dit « Mon Général », voue un véritable culte au Général de Gaulle. Cet amour pour le Général le conduira en France « parmi les siens » ; et, de désillusions en déchéances physiques et morales, il n’aura plus que ses compatriotes pour l’entourer et le soutenir dans sa folie.

Le parcours d’Augustin retrace une histoire universelle totalement ignorée. Il laisse percevoir les rêves, les peurs et rancœurs qui habitent les travailleurs venus d’Afrique noire et d’Algérie au lendemain des indépendances. Véritable figure tutélaire, le Général de Gaulle hante les discours des personnages tel un spectre glorieux, pour certains, comme une ombre encombrante, pour d’autres. Comment s’approprier l’histoire, la langue et l’avenir d’un pays loué par la génération des pères lorsque le présent ne coïncide plus avec les chants passés ? Avec force et humour, Marcel Zang donne corps et voix à ces destins qui se croisent dans la nuit parisienne pour partager leurs doutes et négocier l’espoir.

« …Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j’invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes… »
Général de Gaulle, extrait de l’« appel du 18 juin 1940 »

« AUGUSTIN (hochant la tête et marmonnant). Oui… oui… Et mon père était là ce jour-là, en tenue… dans sa tenue militaire de la Première Guerre mondiale, et il l’a vu… il a vu le Général de Gaulle… Mon père Atangana… Fils de Fouda Atangana… Et moi-même… Fils aîné de mon père et petit-fils de Fouda Atangana… Il a entendu le Général avec ses oreilles… comme je m’entends… Mon père m’a dit qu’il était juste là, à même pas deux mètres, qu’il aurait pu toucher le Général de Gaulle s’il avait voulu. (Il embouche la bouteille de vin, puis la repose sur la table.) Et mon père m’a montré ses médailles et ses blessures de guerre et il m’a dit : “Va, mon fils, va ; tu seras chez toi là-bas, parmi les tiens”. Il m’a dit ça… chez moi… le Général… Tu seras chez toi là-bas, le Général a dit… Pour défendre la civilisation contre la barbarie… la civilisation contre la barbarie… »
Mon Général (acte 1, scène 2)

« AUGUSTIN. C’est grâce au Général de Gaulle que vous avez eu votre indépendance, oui ou non ?

SAID (riant). Quelle indépendance ? Et quel de Gaulle ? C’est l’Algérie qui a pris son indépendance tout seul, oui, et avec son sang et avec ses dents, et qui l’a arrachée à de Gaulle. Il ne pouvait pas faire autrement que de laisser tomber, pire qu’une patate douce, obligé d’avaler. Comme du miel. (…)
AUGUSTIN. Mais alors qu’est-ce que tu fais en France ?

SAID. En France ?!... Je ne suis pas en France, mon frère. Je suis chez le patron. En Algérie, partout, ailleurs, ici. Et ici le patron il paye bien. (…) »
Mon Général (acte 2, scène 2)